Le stress et la tristesse peuvent vous briser le cœur et surtout celui des femmes
Saviez-vous que l’on pouvait mourir de chagrin ? Découvrez le syndrome de Takotsubo, une déformation du coeur causée par un stress émotionnel intense. Coauteure d’une étude sur le sujet, le Dr Jelena Templin-Ghadri explique ses mécanismes dans un article relayé par nos confrères du Figaro Santé.
On le prend souvent pour une simple crise cardiaque mais il en est tout autre. Le syndrome de Takotsubo (TTS), également connu sous le nom du syndrome du cœur brisé, est la preuve scientifique que nos émotions affectent notre corps, pouvant conduire à son extinction.
Qu’est-ce que le syndrome du cœur brisé ?
Cela paraît surréaliste mais cette mort tient ses racines de causes médicales. Le syndrome de Takotsubo est dû à une déformation du cœur des suites d’une émotion très vive. La preuve concrète que le mental est étroitement lié au physique. Et pour cause, les pensées négatives et le stress ont un impact sur le corps et sur la santé.
Si ce décès particulier a surtout été noté lors de la perte d’un être cher, cela peut être causé par de nombreux événements négatifs comme positifs, tels que l’annonce d’une bonne nouvelle. Cette impression que le cœur pourrait bien exploser se produit mais les cas sont rares.
En France, 3000 personnes sont victimes de ce syndrome chaque année. Le mécanisme induit ? Une déformation du cœur qui peut conduire à un accident cardiovasculaire grave. A moindre mesure, 9 choses arrivent lorsque nous souffrons d’un chagrin intense.
Une déformation du coeur qui n’arrive plus à pomper correctement
Décrit pour la première fois en 1991, le syndrome du cœur brisé a souvent été confondu avec un infarctus en raison des symptômes qui sont similaires. Pourtant, ce décès soudain est provoqué par bien d’autres causes car il s’agit de l’obstruction d’une artère coronaire et la déformation du ventricule gauche du muscle cardiaque. Résultat : le myocarde n’arrive plus à jouer son rôle dans l’organisme, à savoir la fonction de pompe.
Le cœur atteint, celle-ci est arrêtée et provoque donc son arrêt, d’où la confusion avec l’infarctus, une nécrose de cet organe. Jusqu’à aujourd’hui, ce syndrome reste encore sous-diagnostiqué par les spécialistes et encore peu identifiable, déplore le Dr Jelena Templin-Ghadri dont les propos ont été relayés par un article du Figaro Santé.
Les chercheurs suggèrent un rôle du cerveau
Dans une étude publiée en 2019 dans l’European Heart Journal, la cardiologue suggère un rôle du cerveau dans ce mécanisme. Après avoir comparé l’activité cérébrale de 15 personnes souffrant d’un TTS à celle de 39 participants en bonne santé, une équipe de scientifiques à l’hôpital universitaire de Zurich a découvert que les patients souffrant du syndrome du coeur brisé avaient une “connectivité cérébrale altérée qui se traduit par un traitement des émotions différent”. Selon leurs observations, cela pourrait expliquer cette sensibilité accrue aux émotions intenses.
Syndrome du cœur brisé : un décès féminin ?
Pour diagnostiquer cette mort rare, il est nécessaire d’effectuer une échocardiographie et une coronarographie pour établir l’état des artères coronaires. Si ce syndrome reste encore méconnu, les scientifiques attestent qu’il touche surtout les femmes de plus de 50 ans et qu’il représenterait même 5% des causes de crises cardiaque de cette population.
Si ce dernier reste la résultante d’une émotion intense, il peut également être causé par une crise d’asthme, un accident vasculaire cérébral ou un autre choc physique. Interrogé par le Figaro Santé, Clément Delmas, cardiologue au CHU de Toulouse explique : « On a tous une capacité d’adaptation, mais pour certains cette capacité est diminuée, peut-être à cause d’expériences de vie trop stressantes, et ça peut les rendre plus fragiles face à des nouvelles sources de stress aigu ».
Une mortalité presque aussi élevé que l’infarctus
Si ce syndrome peut être bénin car la déformation cardiaque n’est pas permanente, ce dernier est grave car la mortalité serait quasiment aussi importante qu’en cas d’infarctus, à savoir 3,7% pour le premier contre 5,3%. Des dégâts tout aussi importants qu’en cas de crise cardiaque peuvent se manifester.
Par ailleurs, le syndrome de Takotsubo présente également un risque de récidive et d’autres complications telles qu’une défaillance cardiaque importante et des séquelles sur d’autres organes. Cette maladie rend également plus vulnérables aux affections cardiovasculaires à long terme.
Certains terrains propices peuvent augmenter les chances de son apparition. Parmi eux, la ménopause qui multiplie cette vulnérabilité par 5 chez la population féminine. La raison ? Une baisse de l’hormone oestradiol reconnue pour ses vertus cardioprotectrices. Le diabète, la dépression ou le tabagisme peuvent aussi constituer une fragilité face au syndrome du cœur brisé.
Clément Delmas explique : «Les traitements utilisés pour les infarctus du myocarde semblent peu efficaces pour remédier au TTS, même s’ils sont utilisés de manière empirique ». Pour autant, le spécialiste nuance en ajoutant que de nouvelles pistes de recherches cherchent à établir des traitements spécifiques pour cette maladie. Une lueur d’espoir pour cette cause de décès encore sous-diagnostiquée.