Les fabuleux pouvoirs de la réglisse
Connue pour ses « rouleaux », confiserie populaire, elle l’est moins pour ses propriétés : les Romains y recouraient pourtant pour éclaircir la voix, et plus récemment, on l’utilise dans les ulcères et les gastrites ; la réglisse régule les fonctions de l’estomac et renforce l’énergie vitale.
Tout le monde connaît la réglisse, utilisée pour les confiseries, les sirops, et même dans la composition d’alcool ! Le bâton à mâcher est employé en cas de sevrage tabagique, mais qui sait utiliser pleinement la plante pour ses vertus médicinales? La réglisse est pourtant l’une des herbes les plus anciennes et les plus utilisées en médecine chinoise. Ce sont les Grecs anciens qui l’avaient nommée Glycyrrhiza à partir des mots glycys (sucre) et rhidza (racine). Plante herbacée de 1 m à 1 m 50 de hauteur, la réglisse aime les climats chauds et les sols riches et humides, comme le pourtour de la Méditerranée et le sud des États-Unis. Elle arbore de grandes feuilles pennées et des inflorescences de petites fleurs violettes qui donneront le fruit, une gousse plate de 2 à 3 cm de long, contenant de nombreuses graines. Ses racines forment des rhizomes qui peuvent vite devenir invasifs si la terre et le climat leur conviennent. Si vous possédez un morceau de rhizome frais, plantez-le en plein soleil et attendez trois ans pour récolter quelques rhizomes riches en glycyrrhizine, responsable de la plupart de ses effets, de fin juin à mi-juillet. Plus la plante est mature, plus elle contient ce principe actif dans sa racine (2 à 3 %) et ses extraits (10 à 25 %)! Au total, sa racine compte plus de quatre cents constituants chimiques. Ces dernières années, de nombreuses études ont rapporté que les composés actifs isolés de la réglisse possèdent des activités antitumorales, antimicrobiennes, antivirales, anti-inflammatoires, immunorégulatrices et plusieurs autres qui contribuent à la récupération et à la protection des nerfs, des voies respiratoires, du système endocrinien et du système cardiovasculaire.
Les avantages sans les inconvénients
Le rhizome de réglisse ne se contente pas de calmer les muqueuses digestives, il favorise la sécrétion de mucus protecteur et répare les cellules. C’est pourquoi les pharmacies donnaient de fortes doses d’extrait de réglisse aux patients souffrant d’ulcères gastriques, dans les années 1940, offrant de bons résultats mais aussi certains effets secondaires comme l’hypertension et la rétention d’eau. La glycyrrhizine est malheureusement la substance à laquelle on attribue ces problèmes, ainsi que des œdèmes ou des maux de tête. Un traitement à base de réglisse ne doit donc pas excéder six semaines car l’excés de glycyrrhizine pourrait faire augmenter la tension artérielle, baisser le taux de potassium dans le sang, augmenter le taux de sodium, et entraîner une rétention de liquide dans les tissus. Bonne nouvelle: aujourd’hui, on peut trouver des comprimés à mâcher sans glycyrrhizine: la DGL («réglisse déglycyrrhizinée») est un peu chère, mais quand on a de l’hypertension, ce serait dommage de ne pas essayer, avant d’envisager un autre traitement.
Le champion des organes digestifs
Les ulcères gastro-duodénaux sont induits à 80 % par une bactérie, helicobacter pylori. Le rhizome de réglisse rend plus efficace le traitement de référence associant un médicament antisecréteur d’acidité gastrique, l’oméprazole, à deux antibiotiques (amoxicilline et métronidazole). Après un mois de traitement, la cicatrisation de l’ulcère est passée de 70 % à 95 %, avec une éradication plus forte de la bactérie (70 % contre 45 %) et une réduction de la douleur. La réglisse pourrait ainsi être envisagée en quadruple thérapie, avec des effets secondaires minimes, et pour pas très cher… Une bonne alternative à la résistance aux antibiotiques grandissante! Plus simplement, l’infusion est intéressante après une gastro-entérite ou une intoxication alimentaire, permettant d’adoucir le système digestif. La maladie de Crohn peut également être soulagée par la réglisse.
Moins de kilos en trop
Des rats obèses ont reçu de l’huile de réglisse riche en flavonoïdes à hauteur de 2 % dans leur alimentation riche en graisse. Les résultats ont montré une activité enzymatique qui a réduit le poids du tissu adipeux abdominal et les niveaux de triglycérides. Des études menées chez l’homme montrent des effets similaires: 84 participants modérément en surpoids ont été répartis en quatre groupes recevant une dose quotidienne de 0 (placebo), 300, 600 ou 900 mg de LFO (licorice flavonoid oil). Bien que l’apport calorique ait été similaire dans les quatre groupes, la masse grasse corporelle totale a diminué de manière significative dans les trois groupes LFO après huit semaines d’ingestion. La prise de 900 mg/jour a entraîné des diminutions significatives par rapport aux niveaux de base dans la zone de graisse viscérale, le poids corporel, l’IMC et le cholestérol LDL (considéré comme le mauvais) sans qu’aucun effet indésirable n’ait été observé.
Un nouveau compagnon à la ménopause
Avec la ménopause, les œstrogènes n’assurant plus de protection, les risques cardiovasculaires augmentent et l’utilisation combinée d’œstrogènes et progestatifs comme traitement hormonal substitutif n’arrange rien. L’urgence est alors de trouver de nouveaux traitements sans effets délétères. L’essai contrôlé5 randomisé mené par la Women’s Health Initiative a étudié deux composés naturels dérivés de la racine de réglisse, in vitro et in vivo : la glabridine et le glabrène, les deux montrant des activités œstrogéniques. Les résultats suggèrent le glabrène comme nouvel agent pour la prévention des maladies cardiovasculaires chez les femmes post-ménopausées.
Comment l’utiliser
En infusion, 50 g pour 1 l d’eau à faire bouillir 5 minutes et macérer 12 heures. Pour un effet antiviral, optez pour la décoction à raison d’une demie à une cuillère à café des rhizomes en poudre pour 250 ml d’eau. Faites frémir pendant 15 minutes, filtrez et buvez trois tasses par jour. La réglisse peut être associée avec la vigne rouge pour favoriser une meilleure circulation, avec la mélisse ou la menthe pour faciliter la digestion ou avec le mélilot pour lutter contre les symptômes de la ménopause. En cas de bronchite, la réglisse fait bon ménage avec le thym, l’eucalyptus ou l’hysope, en infusion à boire en quantité dans le courant de la journée. Et en cas de toux nerveuses ou de trachéites, le meilleur allié de la réglisse sera le plantain lancéolé. Attention, la réglisse est contre-indiquée en cas de grossesse, d’hypertension, d’insuffisance rénale et d’hypertonie ; la plante augmente les effets de certains médicaments comme la digitaline, les corticostéroïdes ou certains diurétiques. Il est déconseillé aussi d’en prendre de fortes doses avec un contraceptif oral (contient des phytohormones).