Les personnes qui mangent gras vivent plus longtemps d’après une nouvelle étude

Publié le 16 octobre 2018

Les habitudes alimentaires sont le principal facteur de risque des maladies cardiovasculaires. En effet, il est reconnu depuis de nombreuses années que la consommation excessive du gras augmente le risque de mortalité ! En 2017, lors d’un congrès à Barcelone, une équipe de chercheurs de PURE (Prospective Urban Rural Epidemiology) a présenté les résultats d’une nouvelle étude qui a fait couler beaucoup d’encre. En effet les graisses y compris les graisses saturées réduisent la mortalité de 23%. Explications !

Au cours des dernières années, le grand méchant de l’alimentation est soit la graisse soit les glucides, certaines études suggèrent des régimes faibles en gras d’autres faibles en glucides. Mais au fur et à mesure que les recherches s’accumulent, il devient évident que la biologie de chaque individu est si différente qu’il n’existe pas de plan magique unique qui s’applique à tous. 

La nouvelle, présentée à Barcelone le 29 août 2017 au Congrès européen de cardiologie 2017, montre que la population a un problème de santé important. En effet, beaucoup de personnes consomment trop de glucides simples et peu de graisses. 

Tout savoir sur cette étude

L’étude a porté sur des personnes âgées de 35 à 70 ans originaires de 18 pays de diverses régions, notamment du Moyen-Orient, d’Amérique du Sud, d’Afrique, de Chine, d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie du Sud. Elle a examiné les liens entre régime alimentaire, maladies cardiovasculaires et décès. Les participants ont effectué des visites de suivi auprès de l’équipe de recherche au moins tous les trois ans pour enregistrer des informations sur les maladies cardiovasculaires (Crises cardiaques mortelles, décès cardiovasculaires et de décès non cardiovasculaires.

L’étude canadienne suggère une réduction des glucides et une augmentation de la consommation de graisse

Bien que les recommandations actuelles dictent de réduire la consommation de graisses saturées à moins de 10%, l’étude a montré qu’un très faible apport en graisses saturées (moins de 3%) était associé à un risque de mortalité plus élevé, par rapport aux régimes comportant un apport plus élevé en graisses saturées jusqu’à 13%.

Le Dr Mahshid Dehghan, auteure principale de l’étude à l’Université McMaster au Canada, explique que l’accent mis sur la promotion des régimes alimentaires faibles en gras ne tient pas compte du fait que les régimes alimentaires de la plupart des personnes dans les pays à revenu faible et intermédiaire sont très riches en glucides, ce qui semble être lié à de pires résultats pour la santé. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, où les régimes alimentaires contiennent parfois plus de 65% d’énergie provenant des glucides, les lignes directrices devraient recentrer leur attention sur la réduction de l’apport en glucides, au lieu de se concentrer sur la réduction des graisses. 

La chercheuse ajoute que les meilleurs régimes comprendront un équilibre en glucides et en lipides, environ 50-55% de glucides et environ 35% de lipides totaux, comprenant des graisses saturées et non saturées. Il est important de noter que l’étude ne s’est pas penchée sur les gras trans, généralement issus des aliments transformés, et il est clairement établi que ceux-ci sont malsains.

Selon la même étude, en moyenne, l’apport en glucides était le plus élevé en Chine (67%), en Asie du Sud (65,4%) et en Afrique (63,3%). L’apport total en matières grasses était le plus élevé en Amérique du Nord et en Europe (30,5%), au Moyen-Orient (30,3%) et en Asie du Sud-Est (29,2%).

Les auteurs de l’étude notent que les directives mondiales existantes recommandent que 50 à 65% des calories quotidiennes d’une personne proviennent de glucides et moins de 10% de graisses saturées, mais cela est principalement basé sur des preuves provenant d’Amérique du Nord et d’Europe, tout en ignorant les autres pays.

Les docteurs Christopher Ramsden et Anthony Domenichiello, du National Institute on Aging, aux États-Unis, ont commenté les résultats de cette étude en expliquant que : Les relations entre régime alimentaire, maladies cardiovasculaires et décès sont des sujets d’une importance majeure pour la santé publique et une grande controverse. Ils rajoutent que les premiers résultats de PURE remettent en cause les principes classiques du régime alimentaire et des maladies qui reposent en grande partie sur des observations dans les populations européenne et nord-américaine.

Maintenant, des essaies contrôlés randomisés bien conçus doivent être réalisés afin de définir un régime alimentaire sain.