Pourquoi certaines femmes font pipi debout ?
À l’instar de leurs homologues masculins, certaines femmes choisissent désormais de se soulager debout. L’outil pour partager ce privilège que l’on croyait exclusif aux hommes ? L’urinoir féminin portable, un instrument qui se démocratise peu à peu auprès de la gent féminine. Pourquoi optent-elles pour cette solution ? Est-ce réellement plus pratique ? Pleins feux sur ce concept novateur.
Plim, P-Mate, Pisse-debout, les marques se succèdent pour élaborer ces modèles destinés aux femmes. L’objectif reste le même à chaque fois : leur permettre de se plier à l’exercice sans avoir à se dévêtir complètement ou à s’asseoir. Conçu pour toute personne non détentrice d’un phallus, cet entonnoir en carton recyclable, en silicone ou en plastique se multiplie en France depuis quelques années. Un concept insolite qui n’est pas sans faire des adeptes.
L’urinoir féminin portable, une alternative qui prend de l’ampleur
Uriner sans montrer son postérieur ? C’est désormais possible, grâce à ce cône disponible en plusieurs matériaux. Parmi les marques disponibles, le “Pisse-debout” commercialisé en France depuis 2013, propose une version jetable ou réutilisable. En carton, en plastique ou en silicone, sa conceptrice, Magalie Chailloleau explique à Ouest-France qu’il a été conçu pour les “femmes qui voyagent beaucoup ou qui travaillent à l’extérieur”. Mais son utilité semble s’être démocratisée puisque désormais, on le retrouve aussi dans les festivals, où les clientes sont encouragées à l’utiliser pour éviter les queues interminables. En 2019, des membres de l’association angevine “Fête le debout” se sont rendus à plusieurs d’entre eux pour expliquer le fonctionnement de cet instrument aux femmes, indique France Info. Le dispositif en carton recyclable est à prix libre tandis que les modèles en silicone ou en plastique se vendent entre 8 à 10 euros.
Une problématique récurrente pour les femmes
Si l’idée semble nouvelle, la problématique est loin de l’être. Entre l’hygiène aléatoire des toilettes publiques ou l’insécurité d’avoir le postérieur découvert derrière un buisson, trouver un endroit pour faire la petite commission est un problème auquel nombre d’entre elles sont confrontées au quotidien. Interrogée par Libération suite à la commercialisation de son gadget, Magali Chailloleau soulignait que “Contrairement aux hommes, elles ne sont pas libres d’uriner où et quand elles veulent”. Et les féministes seraient les premières à avoir cherché une solution à ce problème. Comme l’explique Marie-Hélène Bourcier, sociologue dans le champ du féminisme et des études de genre, “Les premiers pisse-debout sont apparus au cours des années 90 dans des ateliers féministes qui réfléchissaient à l’exploration du corps et à la réappropriation de l’espace public”. Mais leur utilisation relevait plutôt du militantisme, notamment pour les femmes et les personnes transsexuelles afin de remettre en question les pratiques genrées aux toilettes, poursuit l’experte.
Plus répandus en Europe du Nord ou au Canada, leur utilisation en France restait peu commune et relevant de la sphère privée. Avec l’apparition des dispositifs jetables, les femmes ne sont toutefois plus aussi réticentes à se soumettre au test, ajoute la créatrice du “Pisse-debout”. Elle considère en outre que l’outil contribue à l’égalité des sexes, bien qu’à petite échelle. “Ce n’est pas ça qui réduira les inégalités salariales, mais c’est une petite contribution, un moyen tout simple de braver la nature”, a-t-elle indiqué.
Dans quel cas est-ce pratique ?
“On n’imagine pas le nombre de femmes que ça concerne”, poursuit Magali Chailloleau, citant les femmes qui sont toujours en déplacement, qui travaillent dans des chantiers ou qui s’adonnent aux activités en plein air comme la randonnée. Certains métiers peuvent également en bénéficier, notamment lorsque les toilettes ne sont pas toujours à proximité, comme pour les militaires, les urgentistes ou les pompiers. En 2017, lors d’un congrès de professionnel d’urologie au Corum de Montpellier, un praticien dans un hôpital parisien n’a pas manqué d’être intrigué par l’objet insolite présenté par la conceptrice. Citée par France Bleu, elle raconte : “Il m’a contacté pour me demander des renseignements pour ses patientes pour éviter qu’elles se retiennent parce que cela leur provoquait des infections urinaires. Et Il trouve que cet objet peut leur permettre de se soulager même si des toilettes sont sales”.
Au Royaume-Uni, la marque Shewee dont les ventes ont explosé en 2020 selon The Guardian popularise également le pisse-debout. L’objet aurait notamment séduit les femmes souffrant de troubles de la vessie, de problèmes de mobilité, les adeptes d’activités en plein air et celles qui passent de longues heures en voiture. Jade Gebbie, une comédienne interrogée par le média britannique explique que pour elle, c’est surtout une question d’hygiène. “Je ne suis pas fan des toilettes publiques où qu’elles soient. Je n’aime pas l’idée de m’asseoir dessus”, confie-t-elle. Un avis partagé par de nombreuses femmes qui remettent en question l’hygiène de ces endroits. Cette inquiétude est-elle pour autant légitime ?
Faut-il éviter les toilettes publiques à tout prix ?
S’il est difficile de contrôler l’hygiène de chaque personne ayant recours à ces toilettes accessibles au public, de nombreuses personnes font néanmoins fausse-route sur les risques associés à leur utilisation. En effet, la peur d’avoir un contact direct avec une lunette utilisée par des inconnus est récurrente. Pourtant, comme le révèlent nos confrères de Pourquoi Docteur, les germes et les bactéries sont bien plus susceptibles de se transmettre via les mains. Les gouttelettes projetées lorsque l’on tire la chasse d’eau peuvent atterrir sur la poignée de la porte, le support du papier toilette ou encore l’abattant. C’est donc envers ces surfaces qu’il faut se montrer méfiant. Sans oublier les sèche-mains automatiques qui brassent de nombreuses bactéries. Dans ce sens, il peut être judicieux de connaître les bons conseils à adopter lors de votre passage aux toilettes, en veillant surtout à laver vos mains correctement et à éviter de sortir votre téléphone portable ou tout autre objet susceptible de transporter ces germes.