Un chauffeur gifle un collégien et reçoit plus de 250 000 signatures de soutien
La RATP interrogeait en 2015 ses usagers des transports parisiens au sujet des incivilités. Le constat est effarant puisque les usagers estiment être témoins de 75 cas d’incivilités par an. Les campagnes de publicité se sont multipliées depuis 2011 et payent. En effet, les statistiques montrent une baisse des incivilités mineures (journal laissé sur le siège, bousculade aux entrées et sortie,…) mais augmentent pour les appels passés dans la rame ou le bus. Les insultes quant à elles, revêtissent un caractère plus judiciaire. Nommées injures, elles sont punies en public de 12 000€ d’amende et bien plus si elles sont à caractère sexistes, homophobes, racistes ou handiphobes.
Les insultes sur la voie publique sont bien souvent mesurées vis-à-vis des femmes. C’est ainsi que le Gouvernement Français estime, en 2015, que 800 000 femmes en sont victimes par an. Un tiers des insultes tous sexes confondus a lieu dans les transports en commun. Une situation qui a poussé la RATP a réalisé de nombreuses campagnes contre les incivilités. Cela n’empêche certains cas tel que celui vécu jeudi dans la commune d’Arcueil dans le Val-de-Marne.
Les faits
Deux versions de l’évènement ont été relatées. La première vient du chauffeur de bus et la seconde du jeune collégien de 12 ans qui lui faisait face. Le contexte général est cependant le même. La scène se déroule le jeudi 13 septembre à Arcueil entre 12h et 12h30. Le bus de la ligne 323 est à proximité d’un arrêt de bus lorsqu’un jeune traverse la route en dehors du passage piéton. « Sans prêter attention au bus » d’après les dires des témoins et « pour attraper son bus » d’après le jeune homme. Cela oblige le conducteur à klaxonner, à « freiner fortement » et ainsi « malmener la clientèle à l’intérieur de son bus ». Les collègues du chauffeur de bus rapportent que ce dernier aurait alors interpellé le collégien. Il souhaitait le sermonner et lui demander de faire plus attention.
A partir de là, les versions divergent. Une simple « remontrance », comme « n’importe quels parents l’auraient fait », affirment les collègues de ce père de famille. L’adolescent lui dit avoir entendu un « Ta Gueule » juste avant que le chauffeur ne descende de son bus. Le jeune a confirmé avoir insulté le conducteur du bus.
Les faits suivants ont été enregistrés dans une vidéo qui fait le tour des réseaux sociaux. On y voit le conducteur de bus asséner une gifle à l’adolescent et demander au jeune, tu as quel âge toi ? » avant de remonter dans son bus.
Les réactions
La RATP a condamné « fermement ce geste qui est contraire aux principes et aux valeurs d’une entreprise de service public ». Reçu par la direction après avoir reporté l’incident à sa hiérarchie, le chauffeur a « reconnu avoir agi sous le coup de l’émotion, regrettant son geste », précise la régie de transports sur Twitter.
Une pétition lancée ce week-end pour prendre la défense de ce père de deux enfants a déjà collectée plus de 250 000 signatures ce mercredi matin. Le conducteur, qui risque de perdre son travail est défendu par ses collègues de la RATP, auteurs de la pétition en ligne sur le site mesopinions.com pour le soutenir. Le chauffeur de la ligne 323 est décrit comme quelqu’un de « gentil » et reconnu pour « son calme olympien ». Les salariés mobilisés s’inquiètent de l’éventuelle perte d’emploi de l’agent, « à cause d’un enfant qui a été inconscient » et invitent chacun à les soutenir dans leur démarche.
De son côté, Valérie Pécresse, présidente d’IDF-Mobilités évoque des « circonstances atténuantes ». « J’espère l’indulgence du conseil de discipline pour le chauffeur de bus d’Arcueil victime de provocations et d’insultes. Il n’aurait pas dû lever la main sur le collégien et l’a regretté », soutient-elle.
La RATP a répondu que « il sera bien sûr pris en compte que le salarié regrette son geste et dit avoir agi sous le coup de l’émotion alors qu’il venait d’éviter de percuter le jeune, qui a traversé de façon dangereuse et qui a insulté le conducteur. »
Certains s’interrogent de la vidéo tournée par une autre adolescente qui a été publiée par Le Parisien. Cette action était elle préméditée telle un de ces jeux dangereux d’adolescents ? La mère du collégien était avec son fils au moment des faits et refuse de donner tout commentaire. Le jeune réputé comme difficile a déposé plainte par le biais de sa mère contre X. Le chauffeur est soumis à sa première implication dans un cas d’agressivité.
De nombreux internautes ont réagi en message de soutien au chauffeur face aux incivilités, aux insultes et à l’absence du respect de certains jeunes.