Un des grands patrons de l’industrie pharmaceutique arrêté, accusé de conspiration et de corruption
En octobre dernier, le milliardaire John Kapoor, fondateur et propriétaire de l’entreprise pharmaceutique américaine Insys Therapeutics a été arrêté, accusé par les autorités d’avoir dirigé un cartel de drogue pharmaceutique. Sa firme aurait en effet été impliquée dans la corruption de médecins et de cliniques, les poussant à prescrire l’analgésique Subsys à leurs patients.
Le médicament en question : quel est-il ?
Le Subsys se présente sous la forme d’un vaporisateur contenant du fentanyl, un opioïde très addictif.
Les opioïdes, comme la morphine et l’héroïne, sont dérivés de l’opium, une substance extraite du pavot et sont utilisés comme de puissants médicaments antidouleur ou comme des stupéfiants.
Le principal danger des opioïdes est qu’ils provoquent une accoutumance et une sensation de manque chez le consommateur, poussant celui-ci à augmenter la fréquence des prises ainsi que la dose. D’autant plus que la surdose est vite arrivée, entrainant une dépression respiratoire potentiellement mortelle.
Le fentanyl est 50 fois plus puissant que la morphine. Il est notamment utilisé en soulagement des douleurs sévères de certaines maladies terminales telles que le cancer.
L’ingestion par l’adulte de seulement deux milligrammes de fentanyl peut causer une surdose fatale.
La « crise des opioïdes »
A ce qu’affirment les experts, les Etats-Unis seraient en proie à une véritable épidémie d’opioïdes, avec plus de 2.5 millions d’américains souffrant d’addiction aux opiacés, qu’il s’agisse des antidouleurs prescrits médicalement ou des stupéfiants.
Selon le cabinet d’études de marché IMS Health, 236 millions d’ordonnances d’opioïdes auraient été délivrées par les médecins en 2016.
D’autre part, selon le National Center for Health Statistics, plus de 40 mille américains seraient morts d’une surdose d’opioïdes la même année.
Le développement d’une telle crise mène de plus en plus d’Etats à tenir les fabricants d’opioïdes et les médecins pour responsables autant de la surproduction que de la surprescription de ces médicaments.
La lutte contre le « meurtre médical »
Pour Donald Trump, la crise des opioïdes est une urgence nationale. Il a déclaré : « Nous allons intenter des poursuites judiciaires importantes contre les personnes et les entreprises qui font du tort à notre peuple ». C’est ainsi que le président américain, dans le cadre d’une campagne de lutte contre le « meurtre médical massif » des américains, a requis, entre autres, que les plus grandes firmes pharmaceutiques du pays soient soumises à des examens judiciaires.
Un des grands patrons de l’industrie pharmaceutique arrêté
De telle sorte que John Kapoor, âgé de 74 ans, et avec lui sept autres dirigeants anciens ou actuels de la grande firme, furent accusés de fraude médicale et d’avoir mené une conspiration nationale visant à la contrainte illégale de distribution du Subsys en tant que médicament anti douleur, furent arrêtés.
Peu de temps après, les actions de Insys Therapeutics ont chuté de 20 %, et le PDG a démissionné de son poste.
Big pharma et le lobby pharmaceutique
Considérée par certains comme le lobby le plus puissant de la planète, l’industrie pharmaceutique, couramment désignée par l’expression « big pharma » est accusée par de plus en plus de personnes de rechercher les profits financiers aux dépens de notre santé et d’exercer pour cela des pressions auprès notamment des professionnels de la santé.
Trop souvent, des médicaments sont mis sur le marché alors que les essais pour montrer leur innocuité n’ont pas encore été suffisants. Des pressions sont exercées sur les professionnels de santé pour les inciter à prescrire ces médicaments aux patients, en dépit de leurs éventuels graves effets secondaires. Des pressions qui peuvent aussi prendre la forme de cadeaux aux médecins.
Elles se feraient aussi aux plus hauts niveaux de la politique et de la diplomatie. Selon de Corporate Europe Observatory, l’industrie pharmaceutique tiendrait en effet « fermement les rênes d’une vaste machine de lobbying, richement dotée, qui dispose d’un accès presque systématique aux décideurs de la Commission européenne ».
Il y aurait donc réellement lieu de s’inquiéter. Aux Etats-Unis cependant, il se pourrait que le vent tourne.