6 Femmes racontent comment elles ont vaincu le cancer
Il y a de fortes chances que vous connaissiez quelqu’un qui a souffert d’un cancer. Selon l’American Cancer Society (ACS), ce sont plus d’un million de personnes atteintes chaque année, et une femme sur trois court le risque d’en développer un au cours de sa vie.
Cette forte prévalence a donné lieu à la journée nationale des survivants du cancer, célébrée le 7 juin. Cet événement a été créé il y a 28 ans par la Fondation de la journée nationale des survivants du cancer, un organisme à but non lucratif qui définit un survivant comme « quelqu’un vivant avec des antécédents de cancer, depuis le moment du diagnostic et pendant le reste de sa vie ».
La fondation explique qu’elle a fait de ce jour un outil de sensibilisation afin d’améliorer la qualité de vie des survivants. Voici l’histoire de six de ces survivantes, six femmes qui ont chacune souffert d’un type de cancer différent et sont actuellement en rémission. Aubrey Ellis, un cancer du sein à 35 ans
Cette habitante de Chicago et son frère jumeau ont été testés positifs au gène BRCA2 en 2013, un an après qu’on a diagnostiqué à leur père un cancer du sein.
« C’était presque bon de savoir noir sur blanc à quoi j’avais affaire, affirme Aubrey. Mais subir ce test a vraiment été difficile. C’était bouleversant. »
Cinq mois avant d’être diagnostiquée avec un cancer à un stade précoce dans son sein droit, en 2014, Aubrey avait reçu un appel de son gynécologue lui annonçant que, d’après son dosage hormonal, elle souffrait d’une insuffisance ovarienne et était en préménopause. Après avoir subi une double mastectomie en août 2014, elle s’est vu retirer ses ovaires et ses trompes, mais elle a gardé son utérus afin de pouvoir porter un enfant conçu à partir de l’ovule d’une autre femme, et a subi une reconstruction mammaire en novembre 2014.
Aubrey s’inquiétait de l’aspect qu’aurait sa nouvelle poitrine. « C’est une part tellement importante de la sexualité. David (mon mari) et moi avons eu un moment vraiment très intime quand nous avons décidé de faire un moulage de mon corps – nous avons utilisé un kit qui faisait un moulage de mes seins et de mon ventre (avant l’opération).
Ça a été la plus intime et incroyable des expériences. C’était une façon de dire adieu à mon ancien moi-même. Nous avions pensé le peindre un jour et faire la même chose avec ma nouvelle poitrine. »
Elle avait opté pour une plus grande taille (elle faisait du 90B), mais ne se sentant finalement pas plus à l’aise avec un bonnet D, adopta une taille plus petite.
L’intervention était programmée pour le vendredi suivant. « Mes seins étaient trop encombrants pendant le sport ou quand je dormais, explique-t-elle. Je voulais ressembler autant que possible à celle que j’étais. »
Aubrey prend aujourd’hui les choses comme elles viennent. Son mari, sa famille, ses amis et les femmes rencontrées à travers le programme de soutien de Bright Pink ont eu une influence profonde sur sa guérison. « Vous découvrez vraiment à quel point on vous aime quand vous traversez ce genre de chose. »
Kaitlin Johnson, un cancer de la peau à 21 ans
Kaitlin allait régulièrement bronzer entre 16 et 20 ans. À l’automne 2013, elle remarqua un grain de beauté bizarre sur sa jambe. « Je savais qu’il n’avait pas toujours été là, mais je repoussais sans cesse le moment d’aller consulter, explique Kaitlin, aujourd’hui âgée de 22 ans et étudiante à l’Université Urbana-Champaign, dans l’Illinois. Dans un coin de ma tête, j’avais le sentiment que ce serait cancéreux. »
La tache avait grossi et était très foncée. Sa mère lui dit qu’elle devait le faire contrôler et Kaitlin se fit retirer le grain de beauté par son médecin généraliste en juillet 2014. Une semaine plus tard, elle reçut un coup de téléphone sur son lieu de travail, l’informant qu’elle avait eu un mélanome, la forme la plus mortelle du cancer de la peau.
« Je ne me souviens de rien de ce que mon interlocutrice m’a dit ensuite ni de ce qui s’est passé, parce que j’ai totalement fermé les écoutilles, raconte-t-elle. Je ne savais pas quoi faire. Je ne savais pas comment j’allais rentrer chez moi car j’étais sens dessus dessous ».
Elle se fit opérer en août 2014 pour qu’on lui retire la tumeur et elle apprit que le cancer ne s’était heureusement pas propagé. Sa convalescence fut cependant éprouvante. « J’ai repris l’école avec une semaine de retard et l’infirmière restait très inquiète car j’avais du mal à marcher », se souvient Kaitlin.
Elle avait une énorme cicatrice sur la jambe. Pendant un moment, sa mère l’aidait à changer ses pansements après l’opération. « Quand j’ai retiré les bandages pour la première fois, j’ai été si horrifiée que je ne trouvais pas le courage de regarder », dit-elle.
Aujourd’hui, Kaitlin met de l’écran solaire tous les jours. « Même si j’ai eu un cancer de la peau ; je ne veux pas arrêter de vivre comme j’en ai envie. C’est l’été et j’aime être dehors et aller à la piscine. Mais quand je sais que je vais être exposée au soleil pendant un long moment, je mets un chapeau ou une casquette. Et je mets une crème à indice de protection 100. »
Elle espère que son histoire dissuade d’autres personnes de s’exposer au soleil. « C’est de loin la chose la plus dure par laquelle je suis passée dans ma vie, affirme-t-elle. Beaucoup de mes amis ont arrêté de s’exposer. Même des connaissances ou des personnes rencontrées par hasard me disent : ‘Grâce à vous, je ne bronze plus’, et ça me fait me sentir utile. »
Dawn Eicher, un cancer du côlon à 36 ans
Dawn, aujourd’hui âgée de 38 ans, vit dans la région de Sacramento avec son mari et ses deux enfants en bas âge. Elle n’avait que 21 ans quand elle a remarqué du sang rouge vif sur son papier toilette. À cause de son âge, les médecins lui dirent que ce n’était probablement qu’une fissure anale ou des hémorroïdes. « En fait, mon médecin a essayé de me faire faire un scope, mais ma compagnie d’assurance a refusé parce que j’étais trop jeune », explique Dawn.
Et puis, en 2012, alors qu’elle était enceinte de six mois… « Je saignais vraiment beaucoup. J’ai utilisé WebMD (un site d’informations de santé) pour voir si je trouvais quelque chose et j’ai paniqué car le site me diagnostiquait un cancer du côlon. J’ai appelé mon gynécologue en faisant attention à utiliser la terminologie que j’avais trouvée sur Internet. Mais mon docteur m’a répondu : ‘Vous êtes enceinte, je suis sûr que vous allez bien’, et m’a prescrit des suppositoires. »
Six mois après avoir accouché, elle fait finalement une coloscopie et apprend qu’elle souffre d’un cancer du côlon de stade IV. Non seulement elle avait une tumeur de 8 centimètres dans le rectum, mais le cancer s’était aussi étendu à son foie. « La tumeur était aussi basse que possible et les médecins plaisantaient en disant qu’elle essayait de s’enfuir », raconte Dawn. Elle subit alors une chimiothérapie, une radiothérapie et une opération (on lui retira des parties du côlon et du foie, ainsi que la vésicule biliaire).
« Ma dernière séance de chimiothérapie aura lieu dans neuf mois et ce n’est que ces derniers mois que j’ai commencé à me sentir mieux, affirme-t-elle. C’est très long. » L’acupuncture a aidé à soulager les douleurs post-chimiothérapie et post-radiothérapie.
Elle doit passer son prochain scanner dans un mois, mais tient à vivre le moment présent. Dawn s’est trouvé une nouvelle passion, la défense des intérêts des malades. Elle a lancé une pétition pour faire baisser l’âge auquel on peut passer un examen de détection du cancer du côlon, qui a recueilli plus de 76 000 signatures. « Je savoure chaque minute de chaque journée et je suis totalement tournée vers l’avenir et ce qu’il peut apporter, déclare-t-elle. Je fais de mon mieux pour rester en bonne santé, élever mes enfants et fabriquer des souvenirs. J’espère rester de ce monde un bon bout de temps encore et, si ce n’est pas le cas, je veux en tirer le meilleur. »
Naomi Bartley, une leucémie à 7 ans
Pour Naomi, 35 ans, qui vit aujourd’hui à Kensington, dans le Maryland, avec son mari et sa fille de six ans, il n’y a pas eu de vie « avant le cancer ». En effet, on lui a diagnostiqué une forme rare de cancer infantile – une leucémie myéloïde aiguë – alors qu’elle avait tout juste 7 ans. Elle a subi une chimiothérapie, une radiothérapie et une greffe de moelle osseuse venant de son frère aîné. « Je me rappelle avoir été très isolée dans l’unité des greffes, dit-elle. Je n’étais autorisée à voir que ma mère et un autre membre de ma famille. Je passais les fêtes de fin d’année à l’hôpital et même le père Noël n’était pas autorisé à entrer. »
Quand elle a atteint les cinq ans sans plus aucun symptôme du cancer, elle a commencé à en ressentir les effets secondaires tardifs (les problèmes de santé à long terme qui se produisent des années après la fin du traitement), communs chez les survivants du cancer du sang. Pour Naomi, cela s’est traduit par une pression sanguine élevée, des jambes enflées, des anomalies cardiaques et des cataractes.
On lui diagnostiqua un cancer de la thyroïde alors qu’elle avait 24 ans. En raison des rayons qu’elle avait reçus enfant, elle eut également une grossesse à haut risque et accoucha de sa fille à seulement 25 semaines. « Elle a dû lutter pour survivre à cause du traitement que j’avais reçu – et de ses effets secondaires », raconte Naomi.
Alors qu’elle devait rester au lit pendant sa grossesse, les frères de Naomi lui remontaient le moral. « Mes frères ont été fabuleux pendant cette période, affirme-t-elle. L’un d’eux venait me voir pendant sa pause-déjeuner et m’apportait un repas pour m’éviter la nourriture de l’hôpital. Il m’apportait le meilleur milkshake de Washington quand j’en avais envie, et nous regardions des films ensemble dans ma chambre. »
Naomi a une vie très active malgré les effets secondaires persistants de ses traitements. « J’aime faire du snowboard et de l’escalade, déclare-t-elle. J’accompagne aussi ma fille à la natation et elle m’accompagne aux exercices d’entraînement à l’escalade, ce qui est très amusant – il est important pour moi de m’assurer que je renforce mon cœur autant que je le peux grâce à des exercices d’aérobic. »
Elle se fait aussi beaucoup entendre concernant la sensibilisation au cancer infantile et aux dommages à long terme que des traitements agressifs peuvent provoquer sur des corps en pleine croissance. Elle est membre du conseil d’administration de la Fondation américaine pour le cancer infantile (American childhood cancer foundation) pour faciliter aux malades du cancer et au personnel médical l’organisation des dossiers médicaux en les centralisant dans un même lieu.
Kristin LaLima, diagnostiquée avec un cancer du sein à 38 ans
Cette mère de deux enfants vivant à Brooklyn et âgée de 41 ans a senti une boule dans sa poitrine il y a presque 4 ans, et est allée faire une mammographie. « J’avais perdu du poids et, quand c’est le cas, le premier endroit où j’en perds est ma poitrine, explique Kristin, donc j’ai pu sentir la boule. » On lui diagnostiqua un cancer du sein invasif de stade II et elle était HER2 positive. Elle subit une double mastectomie, une chirurgie réparatrice et cinq mois de chimiothérapie suivis de 25 cycles de radiothérapie.
Kristin a continué à travailler tout au long de son traitement. Elle a aussi continué à suivre des cours de taekwondo, décrochant ses ceintures rouge et noir alors qu’elle était sous chimiothérapie. « J’ai juste refusé de m’arrêter, déclare-t-elle. Lorsque j’ai passé ma ceinture noire, j’étais complètement chauve et je portais un bandana. Et vous savez quoi ? C’était très important et ça m’a poussée à continuer d’avancer. »
S’assurer que ces deux fils, alors âgés de 7 et 11 ans, se sentaient normaux était aussi important pour Kristin. « Je faisais en sorte de préparer le dîner chaque soir, raconte-t-elle. Je leur racontais aussi des histoires drôles. La négativité et la tristesse n’auraient fait qu’empirer les choses, alors je faisais mon possible pour les épargner et rendre les choses un peu meilleures. » Elle a même réalisé un journal vidéo relatant sa vie depuis le diagnostic.
Comme son cancer était agressif, Kristin doit retourner chez son oncologue tous les trois mois pour des check-up. « Je garde un état d’esprit positif et je continue à faire tout ce que ce que je peux faire », dit-elle, citant le sport, une alimentation saine et un entraînement pour la marche Avon (60 km) pour en finir avec le cancer du sein. Ces choix de vie l’aident à se sentir bien mentalement et physiquement.
Ellen Dolinar, un cancer de l’utérus à 49 ans
En 2012, Ellen, qui vit à Indianapolis, a commencé à avoir des saignements irréguliers. Elle alla voir son gynécologue pour changer sa pilule contraceptive, ce qui ne mit pas fin aux saignements. « J’avais 49 ans et les cancers gynécologiques touchent généralement des femmes plus âgées, affirme Ellen. Mon gynécologue m’a quand même dit ‘voyons ce qui se passe’ et ce sont ces quelques mots qui m’ont sauvé la vie. »
Après une dilatation et un curetage (procédé qui consiste à prélever un morceau de tissu de l’utérus), on lui diagnostiqua un carcinome papillaire sérieux de l’utérus, une forme de cancer gynécologique. Elle subit une hystérectomie totale, ainsi qu’une chimiothérapie et une radiothérapie interne et externe. « Quand le radiologue m’a expliqué certains des effets secondaires possibles, ça m’a vraiment paniquée.
Ma meilleure amie m’a dit récemment : ‘Je me rappelle t’avoir serrée dans mes bras après que le radiologue t’a expliqué que l’un des effets secondaires possibles des radiations internes était de faire un trou dans ta vessie.’ » La meilleure amie d’Ellen a été son plus grand soutien, présente à chaque étape. « Elle a été mon scribe, rapporte Ellen.
Elle m’accompagnait aux rendez-vous et prenait note de tout. » Parmi les effets secondaires de la radiothérapie qu’Ellen a dû supporter figurait un lymphoedème, une accumulation de liquide dans le système lymphatique qui provoque des gonflements dans les extrémités inférieures. « J’aurais aimé savoir qu’il existait un moyen d’empêcher cela, déclare-t-elle. On ne me l’a jamais expliqué, alors qu’aujourd’hui, de nombreuses femmes dans mon cas utilisent des vêtements de contention. »
Après tout ce qu’elle a traversé, Ellen a l’impression qu’elle a finalement trouvé un sens à sa vie. Elle a rejoint la Foundation for Women’s Cancer après avoir été diagnostiquée et elle fait partie du comité d’accueil de la National Race to End Women’s Cancer depuis 2013. « Je pense que j’ai trouvé mon but dans la vie, ou alors il m’a trouvé, affirme-t-elle. Je dois informer, aider d’autres femmes. »