6 Médicaments dangereux et rentables pour l’industrie pharmaceutique

Publié le 19 mars 2015
MAJ le 19 novembre 2024

La plupart du temps, les avertissements à propos de certains médicaments déjà ordonnés sont évoqués alors que les médicaments en question ne sont plus commercialisés et que leurs brevets sont épuisés.

Qu’il s’agisse d’une agence de produits alimentaires et médicamenteux ou d’un avocat plaidant les préjudices que ces médicaments peuvent vous avoir causés, ces formes d’avertissements sont toujours tardifs et deviennent donc inutiles. Si un médicament que vous avez pris quatre ans auparavant peut endommager votre foie, pourquoi ne pas vous en avoir informé avant? Pourquoi le médicament n’a pas été rappelé voire désapprouvé ?

D’après la réponse officielle des plus grandes entreprises pharmaceutiques, les problèmes engendrés par ces médicaments ne peuvent être détectés qu’après avoir été consommés par des millions de personnes, raison pour laquelle une surveillance post-commercialisation est effectuée. En d’autres termes, elles disent ne pas connaître les effets dévastateurs de certains médicaments mis sur le marché.

Toutefois, des documents judiciaires révèlent un nombre surprenant de cas où des entreprises pharmaceutiques ont clairement trompées des revues médicales, des agences de produits alimentaires et médicamenteux, des médecins et des patients dans l’espoir d’obtenir leur brevet avant que les véritables risques surgissent au grand jour.

Les pharmacies et les agences de produits alimentaires et médicamenteux devraient s’informer davantage avant de précipiter la mise en marché d’un médicament dangereux, car l’argent rapporté se fait au détriment de la santé des patients.

Le modèle d’affaires des grandes entreprises pharmaceutiques est désormais de cacher les risques et d’exagérer les avantages. Tout cela parce que vendre un nouveau médicament sous brevet à un prix élevé et sans concurrent peut engendrer des millions, voire des milliards d’euros chaque année.

Tant bien même que ces médicaments engendrent de sérieux dommages sur la santé de ceux qui les consomment, plusieurs entreprises optent pour ce plan d’affaires. Certaines osent même récidiver, car en plus de gagner beaucoup d’argent, elles ne sont pas punies.

Les risques cachés d’un nouveau médicament sont d’un tel risque que certains professionnels de la santé conseillent aux patients d’attendre jusqu’à sept années avant de le prendre. Par ailleurs, la prise de médicaments génériques n’est pas moins risquée.

Néanmoins, ils ont été consommés sur une longue période et ne font pas l’objet de publicité qui poussent la demande ou qui vendent le problème à traiter. L’inconvénient concerne le fait que les fabricants de médicaments génériques ne peuvent pas être poursuivis.

Voici six médicaments dont les risques n’ont pas empêchés de valider leur brevet :

1-Vioxx

Largement commercialisé par Merck, l’une des cinq plus grandes sociétés pharmaceutiques au monde, Vioxx était présenté comme un médicament miracle traitant autant les douleurs causées par l’arthrite que les crampes menstruelles, affirmant même pouvoir soulager les problèmes gastro-intestinaux causés par des médicaments tels que l’aspirine.

Cependant, il s’est avéré que Vioxx doublait le risque d’avoir un incident cardiaque. Selon certains médias, il aurait d’ailleurs causé de nombreuses crises cardiaques et des décès soudains d’origine cardiaque.

Le médicament a été retiré du marché en 2004, mais en 2006, le New England Journal of Medicine accuse Merck de dissimuler « les données critiques sur un éventail d’évènements cardiovasculaires indésirables » causés par Vioxx. En 2007, Merck a accepté de payer 4 milliards d’euros aux patients et aux familles des survivants, ce qui représente moins d’un an de profit pour la compagnie, selon les calculs du New York Times.

2-Fosamax

Premier d’une classe de médicaments anti-ostéoporose de Merck appelés biphosphonates, dont Boniva et Actonel font partie, Fosamax a été lié à des problèmes cardiaques, des douleurs intraitables, la mort de la mâchoire, des fractures osseuses et le cancer de l’œsophage, et ce, seulement après l’expiration de son brevet en 2008.

Un document révèle que des scientifiques avaient découvert un lien entre la consommation du Fosamax et la mort de la mâchoire lors d’expériences effectuées sur des animaux dans les années 1970.

D’après une radio publique nationale américaine, Merck avait installé des scanneurs de densité osseuse dans les bureaux médicaux à travers les Etats-Unis pour effrayer les femmes qui prenaient du Fosamax en prétendant que leurs analyses révélaient un amincissement des os. L’association du Fosamax à l’amincissement des os n’a pas eu d’incidence sur les ventes du médicament lorsqu’elle fut mise au grand jour, car il était déjà hors brevet.

3-Tahor

Tahor est le médicament le plus vendu de l’histoire des produits pharmaceutiques. Il a rapporté jusqu’à 11 milliards d’euros en une seule année et plus de 125 000 000 000 euros en 14 ans et demi. Son succès est dû à deux facteurs. Tout d’abord, Tahor a été lancé en 1997 alors que la publicité directement adressée aux consommateurs de médicaments venait à peine de commencer.

La compagnie Pfizer a ainsi exploitée la peur nationale liée à la croissance des crises cardiaques dûes au cholestérol dans leur publicité pour vendre Tahor. De plus, les publicités télévisées et les représentants de Pfizer ont saturés les cabinets médicaux avec des échantillons gratuits de ces pilules blanches. Tahor a été prescrit à plus de 29 millions de personnes.

En 2009, année où le brevet de Tahor a expiré, les agences de produits alimentaires et médicamenteux ont averti la population que ce médicament et d’autres satines pouvaient provoquer le diabète, des lésions hépatiques, des lésions musculaires et des troubles de la mémoire.

4- Adderall

Des millions d’enfants sont diagnostiqués comme ayant un TDAH par des médecins, des parents et des enseignants. D’ailleurs, grâce aux publicités des grandes entreprises pharmaceutiques, le TDAH est après l’asthme le diagnostique le plus fréquemment donné aux enfants en raison de « leurs oublis et de leurs mauvaises notes », selon le New York Times.

Alors que certains critiquent le dosage massif de l’Adderall en affirmant qu’il pénalise les enfants, les campagnes publicitaires des grandes entreprises pharmaceutiques soutiennent qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’un stimulant quotidien qui n’a aucun effet négatif sur les enfants.

Toutefois, en 2009, l’Adderall a perdu son brevet. Cette même année, une étude publiée dans l’American Journal of Psychiatry a révélé que ce médicament était en train de tuer les enfants. Les auteurs ont consulté 564 cas de morts subites chez des enfants de 7 à 19 ans desquels ils ont découvert « une association significative de la consommation de ce stimulant avec la mort subite et inexpliquée qui ressortait de l’analyse primaire ». Les médecins et les pharmaciens ont rectifié l’étude en expliquant que la consommation de ce médicament peut conduire à la mort en raison d’une amélioration trop importante des compétences.

5-Deroxat

Peu d’antidépresseurs ont le profil ISRS (inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine). C’est le cas du Deroxat créé par le laboratoire pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK). En 2007, la BBC révèle qu’une étude réalisée sur 329 adolescents démontrait qu’ils étaient six fois plus susceptibles de devenir suicidaire en consommant ce médicament.

Les résultats de cette étude ont été enterrés après que GSK règle des charges connexes de 3 milliards d’euros en 2012. Les rumeurs selon lesquelles la consommation de Deroxat pouvait entraîner un suicide ou un sevrage en raison de ses propriétés toxiques étaient donc vraies.

En 2005, les agences de produits alimentaires et médicamenteux ont révélé des anomalies congénitales associées à la consommation du Deroxat, y compris des malformations cardiaques. La compagnie a ensuite émis un avertissement comme quoi les bébés peuvent aussi avoir des « saisies, un changement de température du corps, des problèmes d’alimentation, des vomissements, de l’hypoglycémie, de l’hypotonie, de la rigidité, des tremblements, de l’irritabilité et des pleurs constants ».

Au moment où ces risques sont apparus, la compagnie est partie en courant avec les profits du Deroxat. En fait, ce médicament a rapporté 2 milliards d’euros à GSK en 2002. Lorsqu’il était sous brevet, le Deroxat était le médicament privilégié pour traiter le trouble de stress post-traumatique (TSPT) des anciens combattants de la guerre en Irak.

6-Zolpidem

Zolpidem, un médicament contre l’insomnie, fut une véritable vache à lait pour le groupe pharmaceutique Sanofi, car les personnes qui ne s’endorment pas regardent la télévision et c’est à ce moment-là que des publicités pour les pilules qui aident à dormir sont diffusées. La consommation de ces somnifères rapportait 2 milliards d’euros par année à la compagnie avant l’expiration de son brevet en 2006.

Suite à cela, des histoires rapportaient que les personnes qui consommaient le Zolpidem subissaient un blackout pendant lequel leur comportement était dérangé. A titre d’exemples, des personnes conduisaient ou effectuaient des appels téléphoniques sans en avoir le souvenir.

Une femme a même bu une bouteille de cirage noir pendant un blackout causé par le Zolpidem. Sanofi a donc été contraint de publier des annonces afin d’informer les gens qu’après avoir pris du Zolpidem, ils devaient rester au lit.

En 2013, les agences de produits alimentaires et médicamenteux ont émises une mise en garde à propos de la gueule de bois engendrée par le Zolpidem, découvrant que le médicament ne quittait pas le corps après avoir été consommé. Elles recommandaient donc des doses plus faibles, en particulier pour les femmes.

Cet avertissement a toutefois été diffusé trop tard pour Kerry Kennedy, fille de Robert F. Kennedy et ex-épouse du gouverneur de New York, Andrew Cuomo. En effet, selon des témoins, elle aurait conduit pendant l’été 2012 sur plusieurs kilomètres avant de faire une embardée dans un tracteur semi-remorque, continuant ensuite à conduire.