Que valent les compléments alimentaires pour les cheveux ?

Publié le 15 août 2022
MAJ le 19 novembre 2024

Voir tomber ses cheveux ou apparaître un début de calvitie peut être difficile à vivre. La chevelure est en effet, dans notre société, très associée à la beauté et à la jeunesse d’un individu. Pour cette raison, il existe de nombreux produits sur le marché des cosmétiques et compléments alimentaires visant à optimiser la beauté de la chevelure et à limiter la perte des cheveux. Quels sont les nutriments les plus utiles pour favoriser la pousse des cheveux et limiter leur perte ? Est-il utile de se complémenter ? Nos réponses dans cet article.

perte de cheveux

Perte de cheveux – Source : spm

La perte des cheveux n’est visible que lorsqu’on a perdu environ 40 % de la masse initiale de la chevelure. Elle augmente avec l’âge et peut avoir plusieurs causes :

  • l’hérédité : on ne peut malheureusement rien y faire.
  • les hormones : l’excès de testostérone chez l’homme et la ménopause chez la femme provoquent la chute des cheveux. Lorsque la cause est hormonale, les compléments alimentaires ont peu d’indications.
  • les facteurs nutritionnels : carence en certains nutriments, obésité, stress oxydant. Ils représentent 11 % des cas.

L’approche peut être externe (shampoing, lotion, etc.) ou interne (apport nutritionnel sous forme de compléments alimentaires). Cette dernière est une idée assez récente et répond au concept de « nourrir le cheveu de l’intérieur ». Elle a du sens car, en tant que tel, le cheveu est une structure inerte et peu sensible aux stimuli extérieurs. La seule chose que l’on peut escompter d’un traitement par voie externe est de le rendre plus propre, plus soyeux, plus brillant. En fait, la structure vivante est le follicule pileux qui synthétise le cheveu. Le follicule est richement vascularisé, ce qui permet aux nutriments d’arriver là où a lieu la synthèse du cheveu. C’est donc cette approche interne qui peut favoriser la pousse des cheveux et limiter leur perte. On comprend ainsi qu’il ne faut pas opposer les deux approches, externe et interne, car elles agissent en complément.

Certains nutriments sont plus utiles au cheveu que d’autres et ce sont ceux-là qu’il faut privilégier dans les compléments alimentaires. Nous détaillerons ici ceux qui sont le plus fréquemment utilisés et/ou dont on peut penser qu’ils pourraient avoir une utilité.

Les vitamines du groupe B

L’acide pantothénique ou vitamine B5

La vitamine B5 est présente dans les abats, la levure de bière, le jaune d’œuf, les céréales complètes, l’avocat… La carence est rare et se manifeste par de la fatigue et des insomnies. Cette vitamine est essentielle au renouvellement de nos cellules, voilà pourquoi elle est souvent présente dans les compléments alimentaires pour la santé des cheveux. Cependant, l’allégation selon laquelle la vitamine B5 est indispensable à la santé des cheveux n’est pas autorisée, faute de preuve. Si elle ne fait pas de bien, elle ne fait pas de mal : sa toxicité est très faible.

Il faut noter qu’un apport simultané de vitamines B5 et B8 inhibe réciproquement leur absorption intestinale. Il ne faut donc pas utiliser les compléments alimentaires qui contiennent simultanément ces deux vitamines.

La pyridoxine ou vitamine B6

La vitamine B6 est présente dans de nombreux aliments d’origine végétale (pois, céréales, soja) ou animale (volailles, foie). La carence est donc rare (sauf en cas d’alcoolisme chronique) et consiste en des neuropathies périphériques (une atteinte d’un ou de l’ensemble des nerfs du système nerveux périphérique). Ses principales actions concernent les métabolismes des glucides et des lipides. Elle joue aussi un rôle dans la synthèse de la sérotonine (un neurotransmetteur qui permet la transmission entre deux neurones).

Le principal effet indésirable de la pyridoxine est (comme pour la carence !) la neuropathie périphérique (plus souvent sensitive que motrice). Son apparition est fonction de la dose et de la durée de complémentation (en moyenne après deux ans de consommation à dose élevée, en général égale ou supérieure à 25 mg/jour, soit plus de dix fois les apports recommandés !). Dans la majorité des cas, les atteintes régressent à l’arrêt de la complémentation.

L’ensemble de ce qui est mentionné ci-dessus conduit à ne pas recommander la vitamine B6 en complémentation d’une alimentation normale pour favoriser la pousse des cheveux.

La biotine ou vitamine B8

La biotine est importante pour la croissance cellulaire et les métabolismes, dont celui des protéines. On la trouve largement dans l’alimentation (principalement dans le foie, mais aussi dans la viande et les fruits), de sorte qu’il n’existe pratiquement pas de déficience chez les Européens. Les recherches ont montré qu’en cas de carence en biotine, on observe une chute des cheveux, qui repoussent lorsque la carence est corrigée. Voilà pourquoi la biotine, présente dans de très nombreux compléments alimentaires pour les cheveux, peut s’avérer utile.

Il faut savoir que des concentrations élevées en biotine dans le sang faussent les résultats d’analyses biologiques. Par conséquent, si l’on se complémente en biotine, il faut le signaler au laboratoire d’analyse médicale au moment où l’on se fait prélever.

complements alimentaires

Compléments alimentaires – Source : spm

Les acides aminés

Parce que le cheveu est constitué à 95 % d’une protéine, la kératine, les acides aminés qui la constituent sont très importants, soit du fait de leur richesse au sein de la protéine, soit parce qu’ils y assurent des fonctions particulières : ils permettent des liaisons dans la protéine (formée de quatre brins) qui contribuent à sa solidité.

La cystine et la méthionine

La cystine n’est pas un acide aminé à proprement parler, mais elle est constituée de deux molécules de cystéine. Une fois qu’elle a été absorbée par l’intestin, la cystine doit donc être clivée en cystéine afin de pouvoir être utilisée dans la synthèse protéique qui permettra la création du cheveu. Au sein de la kératine, la cystéine forme des ponts extrêmement solides entre les brins. La cystéine est aussi nécessaire à la synthèse de glutathion, dont on connaît la puissante action antioxydante. Notons à ce propos que la synthèse de glutathion nécessite un autre acide aminé, la glycine. On peut trouver cet acide aminé dans certains compléments alimentaires.

Le processus de clivage de la cystine en cystéine est médiocre chez l’homme, mais on préfère utiliser la cystine plutôt que la cystéine, car la première est facilement obtenue par extraction (principalement à partir de cheveux récupérés) et est beaucoup mieux tolérée que la seconde. La méthionine est le précurseur naturel de la cystéine mais, comme celle-ci, seules de faibles doses sont bien tolérées. Un surdosage en méthionine entraîne des troubles digestifs et, à long terme, des problèmes neurologiques. La méthionine est présente dans de nombreux aliments, dont les poissons, les viandes et les œufs.

L’efficacité de la cystine sur la pousse des cheveux est en fait déduite de son utilisation chez l’animal d’élevage : on a remarqué qu’une alimentation enrichie en cystine permettait d’obtenir une laine plus belle et plus abondante chez le mouton mérinos en Australie.

La taurine

Les sources principales en taurine sont la viande et les mollusques (en particulier palourdes et huîtres). Elle agit sur le follicule pileux par son action antioxydante. Son utilité dans les compléments alimentaires pour la beauté des cheveux n’est cependant pas démontrée à l’heure actuelle.

La proline

La proline est présente dans toutes les protéines, en particulier celles qui constituent les tissus de soutien (comme la peau). On en trouve donc beaucoup dans certains morceaux de viande. La proline est incorporée dans le procollagène (le précurseur du collagène) et, là, elle est transformée en hydroxyproline, laquelle permet de faire des ponts entre les brins de protéines, ce qui assure leur solidité. Il existe beaucoup de similitudes entre le collagène et la kératine, et les fabricants de compléments alimentaires jouent sur ce fait pour promouvoir l’apport de proline pour favoriser la beauté des cheveux.

Les minéraux et métalloïdes

Le sélénium

Le sélénium est apporté par les poissons, les coquillages, les crustacés et, dans une moindre mesure, les œufs, les produits laitiers et les viandes. Présent en très faible quantité dans l’organisme, il lui est essentiel car il contribue à la fonctionnalité de nombreuses enzymes. Le sélénium peut donc être utile à vos cheveux grâce à ses propriétés antioxydantes. La carence en sélénium est plus répandue chez les végétariens ou végétaliens.

Le zinc

Le zinc est contenu dans de nombreux aliments : légumes secs, fruits de mer, poissons, viandes et céréales complètes. Il joue un rôle majeur dans la multiplication des cellules et à ce titre, il est important pour la croissance des follicules pileux. Il inhibe une enzyme importante dans l’action de la testostérone. Normalement, une alimentation diversifiée est suffisante pour assurer un apport adéquat en zinc. Une complémentation peut néanmoins être utile chez les hommes fabriquant trop de testostérone. Attention aux apports excessifs (au-delà de 20 mg par jour), qui peuvent entraîner des douleurs abdominales.

Le fer

Il existe différentes formes de fer ; la plus facilement utilisable par l’organisme est le fer ferrique que l’on trouve principalement dans les viandes. La carence existe surtout chez les femmes qui ont des règles abondantes, ou pendant la grossesse, et chez les végétariens.

De nombreux compléments alimentaires pour les cheveux contiennent du fer. Privilégiez ceux qui contiennent du bisglycinate de fer, car celui-ci a une meilleure biodisponibilité (il utilise des transporteurs intestinaux très efficaces).

Au-delà…

Il existe de très nombreux autres actifs utilisés dans les compléments alimentaires. Citons pêle-mêle le silicium (obtenu à partir de décoction d’ortie ou de prêle), les extraits de graine de cassis, la vitamine D, le cuivre, du collagène hydrolysé, etc. Le problème est que plus on met d’ingrédients dans un complément alimentaire, plus on risque d’avoir des interactions entre eux (parfois positives, mais le plus souvent négatives). Pour cette raison, les études d’efficacité et la recherche d’effets indésirables doivent être faites sur les produits finis, et pas sur tel ou tel ingrédient. Ce problème, évidemment, concerne tous les segments du marché des compléments alimentaires.

cuir chevelu

Cuir chevelu –

Ce qu’il faut retenir

Assurer la beauté des cheveux et éviter leur chute est un segment du marché beauté qui intéresse beaucoup les consommateurs, et donc les fabricants de compléments alimentaires.

Il y a beaucoup de sens à nourrir le follicule pileux (structure clé qui synthétise le cheveu) de l’intérieur, c’est-à-dire par voie orale, plutôt que par voie topique.

Pour autant, on manque cruellement d’études cliniques bien faites (en particulier sur les produits finis) qui permettraient de justifier les allégations portées par les compléments alimentaires pour les cheveux.

Les ingrédients utiles sont soit ceux qui limitent le stress oxydant (vitamines, minéraux), soit des molécules (acides aminés) ayant un rôle fonctionnel dans la protéine (kératine) qui constitue le cheveu.